Sapaudia, au pays des Sapins


Moi qui me pensais casanier, j'ai osé quitter l'Orne et la forêt d'Ecouves pour les besoins de ma formation de guide conférencier afin de me rendre en Haute-Savoie. Stagiaire à l’Écomusée du bois et de la forêt -on ne se refait pas-  depuis Mai 2017 et jusqu'à la fin Juillet, j'en profite évidemment pour photographier la faune, la flore et les paysages que je rencontre, toujours dans cette démarche de -Territoire-Nature-Culture- Voici quelques images de Haute-Savoie qui, pour certains étymologistes, viendrait du Latin "Sapaudia" littéralement : "le pays des sapins"...

Vous allez comprendre pourquoi ! 

Col des Aravis
Col des Aravis

Premiers pas en Aravis

C'est au cœur du massif des Aravis que je découvre la Haute-Savoie. À peine le temps de s'installer que la neige tombe à gros flocons. La neige sublime le réel, installons nous sur le balcon et profitons de la vue...

La neige, toujours la neige

Début Mai, la neige est toujours au beau fixe. Ici, c'est l'hiver qui décide du printemps... Je n'ose pas pour le moment découvrir la forêt Savoyarde. Peur de la déception et prédominance des conifères provoquent en moi un barrage. Pourtant cette forêt m'intrigue et m'obsède : elle me semble aussi menaçante qu'omniprésente. Je n'arriverai pas à y rentrer sans désamorcer ce blocage. Direction le Col des Aravis (1486m d'altitude) pour voir les chamois dans la tourmente.

Col des Crêtes de Rosairy

Depuis le 15 Mai, la neige laisse place à la pluie avant de donner enfin sa chance au soleil. Elle persiste pour autant au delà des 1500 mètres. J'en profite pour faire grimpette, direction le col des Frêtes de Rosairy (vers les 1700 m d'altitude.) Je rencontre pile sur l’arrête l'autre emblème des Alpes, le Bouquetin ; là haut, un groupe d'une quarantaine d'individus m'attends. Le bouquetin se mérite: réveil à quatre heures et deux heures de montée. Moins farouche que le Chamois, on peut s'en approcher d'assez près. Attention tout de même à leur laisser de l'espace, leurs cornes sont de toute façon un argument de poids.

Loup, y-es-tu ?

Depuis mon arrivée en Haute-Savoie je sais que je n'ai jamais été aussi proche de lui. Dans la région, comme partout où il se montre, l'animal est à la fois dans le feu des projecteurs comme dans le viseur des fusils. Pourtant, aucune meute ne semble s'être installée dans le coin à la différence de la Savoie qui en compterai "au moins six" aujourd'hui... Mais peut-être nous sommes nous croisés, moi et un mâle en quête de territoire, à quelques jours d’intervalle. 

L'empreinte mesure 13,5 cm....
L'empreinte mesure 13,5 cm....

A flower came from Venus

C'est aux alentours du mois de Juin dans les Aravis que l'on peut voir (à mon avis) l'une des plus belles Orchidée de France, le Sabot de Vénus. Fruit d'une symbiose entre un champignon et d'une graine, les orchidées sont des fleurs étonnantes qui suscitent l'admiration. Pourtant, rien dans sa description Latine ou Grecque n'annonçait le charme qu'on lui connait... Puisque l'étymologie du mot Orchidée vient du Grec "Orchis" qui signifie "testicule" en référence à la forme de leurs tubercules... D'autres scientifiques lui attribuèrent une racine Latine, en lui donnant également le nom "d'Orchis" qui cette fois-ci désigne en Latin une "petite olive".... on s'y retrouve. 

Les Sabots de Vénus, Cypripedium calceolus (cette fois ci le Latin ne joue pas sur les mots) sont des fleurs rares et protégées sur l'ensemble du territoire Français. On peut pour autant en rencontrer des centaines dans quelques endroits, qui rassemblent toutes les conditions de croissance de cette fleurs. 

Par l'odeur alléchée...

"Maître Nico, sur son bivouac improvisé,

Tenait en son bec un fromage,

Maître Renard, par l'odeur alléché,

lui tint à peu près ce langage..."

 

Voilà comment pourrait débuter cette incroyable rencontre si elle devait être contée, car je me suis pris à la fois pour le Petit Prince comme pour l'héroïne du film "Le Renard et l'enfant" ou bien encore dans la fable de La Fontaine. Je venais de terminer mon repas duquel demeuraient les croûtes de fromages que je jetais négligemment devant moi, sur le charbon froid d'un ancien foyer. J'ai alors besoin de dégourdir mes muscles et de faire quelques pas. Le ruisseau qui coulait plus bas, m'offre une destination de choix. Quelques traces de chevreuils et de sangliers dans le limon puis soudain un bruit derrière moi. Sans blague ! Un Renard ! Moi qui alors cherchais le Loup, venait à moi un Renard. Je me plaque d'abord au sol, le regarde tourner autour de mon sac et vois les croûtes de fromages disparaître dans sa gueule. Il revient sur mes affaires et commence à renifler les odeurs qui s'en dégagent avant d'embarquer une belle tranche de pain ! Hep, hep, hep ! Le Renard l'air arrogant se tourne vers moi, me regarde tout en dégustant les fruit de sa récolte. Une fois rassasié il se mis à jouer avec mes affaires, en tirant sur la lanière de mon sac ou en emportant la veste dans laquelle j'avais pris soin de mettre mes clefs ! À ce moment là je n'étais plus le seul spectateur ; deux promeneurs qui devaient se demander de quel animal (en parlant autant de moi que du renard) il pouvait bien s'agir, pouffèrent de rire en voyant ma veste partir dans sa gueule ! (Si vous vous reconnaissez dans ses lignes j'espère qu'elles vous feront sourire autant que je m'amuse a les écrire !) Bref, l'animal après s'être amusé plus d'une heure avec moi, pris la poudre escampette. Mais... le révérais-je avant de rentrer...?

A venir : Le sentier des ruines, Une nuit à Cotagne, De la forêt au bois, Bivouac sous l’Étale, Hommage à Jean-Jacques Rousseau...

Matériel : 

Pentax K5-IIs

Pentax 16-45mm F/4

Pentax 35mm F/ 2.8

Tamron 70-200mm F/2.8


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© Nicolas Blanchard

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